Dominique Bourg
Philosophe et professeur honoraire à l’Université de Lausanne
Les positionnements adverses concernant la transition écologique s’inscrivent dans le long cours. Ils opposent celles et ceux qui adhèrent au mouvement séculaire de la modernité à ceux qui la contestent à partir du mouvement qu’elle a elle-même fini par entamer. Il n’y a aucune raison à la disparition rapide de ce conflit d’interprétations. Les points de rupture qui ont conduit à l’émergence de la pensée écologique au 19e siècle sont en effet toujours présents, au travers des antagonismes contemporains opposant les « solutions » de la croissance verte et de l’éco-modernisme aux partisans de la décroissance des richesses matérielles.
L’issue de la transition en cours, à la hauteur du parcours qu’elle cherche à surmonter, apparaît profondément incertaine. La transition écologique implique à tout le moins des changements profonds de nos modes de vie, au-delà des solutions purement techniques, nous invitant à repenser de façon fondamentale nos relations aux écosystèmes et au vivant en général.