Mary E. Wilson
Professeure d’épidémiologie clinique et de biostatistique à la faculté de médecine de l’Université de Californie, à San Francisco, et professeure adjointe en santé mondiale et population à la Harvard T.H. Chan School of Public Health à Boston
Le changement climatique accélère la fréquence des infections chez les humains, ainsi que le risque de pandémie, en affectant les agents pathogènes, leurs réservoirs environnementaux et les animaux hôtes, ainsi que les moustiques et autres vecteurs de transmission. Avec le changement climatique, les déplacements des arthropodes vecteurs et l’évolution des aires de répartition de la faune sauvage exposeront un plus grand nombre de personnes au risque de propagation des maladies infectieuses. Les épidémies et pandémies récentes (VIH/SIDA, Covid, SRAS, variole du singe, Ebola, etc.) ont toutes pour origine des virus propagés par des chauves-souris, des rongeurs ou d’autres animaux, depuis la faune sauvage vers les humains. En raison du changement climatique, il fera un jour trop chaud dans certaines régions d’Afrique pour la transmission de la malaria. En revanche, les infections virales transmises par les moustiques Aedes, telles que la dengue, le chikungunya et Zika, se développeront dans des régions où se trouvent de vastes populations urbaines. Ces infections exposent les animaux et les plantes à des risques de décès, voire d’extinction, ce qui constitue une menace pour la sécurité alimentaire et la santé humaines. Par ailleurs, il existe une autre inconnue : avec la fonte du permafrost (pergélisol), verrons-nous apparaître de nouveaux agents pathogènes contre lesquels nous ne sommes pas préparés ? Les voyages, le commerce et les migrations contribuent à la circulation mondiale des agents pathogènes et des vecteurs humains et animaux. Ces dynamiques seront amplifiées par le changement climatique, tandis que la perte de biodiversité liée au réchauffement fragilisera les écosystèmes face aux espèces envahissantes. L’initiative One Health, qui prend en compte à la fois les humains, les animaux, les plantes et l’environnement commun, peut éclairer les mesures de surveillance, de contrôle, de recherche, ainsi que nos réponses, pour contribuer à préserver le bien-être humain tout en protégeant la planète.