Par Daniel Florentin, maître-assistant à l’Ecole des Mines Paris Tech (ISIGE)
Touchées par des processus complexes de désindustrialisation et à la marge des flux de la mondialisation, de plus en plus de villes connaissent l’émergence de formes de décroissance urbaine, démographique ou économique. Pourtant, la ville a longtemps été pensée et conçue sous l’angle de la croissance. Toute déviation par rapport à cette trajectoire était vue comme accidentelle, conjoncturelle et temporaire. L’aménagement d’une ville ne devait s’intéresser qu’à l’extension à venir, à la croissance revenue, plutôt qu’à la gestion de l’existant. La crise peut être lente et difficile à percevoir, mais appelle un changement dans les modalités de la production urbaine et dans les pratiques de l’aménagement.
Dans un contexte de contrainte budgétaire toujours plus forte, la réinvention de ces pratiques passe notamment par la recherche de nouvelles réponses techniques, organisationnelles et territoriales et de nouveaux arrangements entre parties prenantes, pour donner de nouvelles valeurs aux territoires et aux réseaux.
Certaines collectivités ont commencé à développer de telles trajectoires, que ce soit pour intégrer la décroissance dans leur stratégie urbaine, pour réhabiliter des logements ou adapter leurs réseaux urbains comme les réseaux d’eau. Pour que ces programmes renforcent la résilience des villes, le défi est d’arriver à faire en sorte qu’ils puissent non seulement changer les perceptions des acteurs sur les potentiels urbains, mais qu’ils ne contribuent pas à une aggravation des inégalités socio-spatiales.