REDIRECTION ÉCOLOGIQUE ET SOBRIÉTÉ INTENSIVE : quels modes de coexistence honorer ?

Nathan Ben Kemoun, Docteur en Sciences de Gestion, enseignant-chercheur à l’ESC Clermont Business School
Pauline Vigey, Économiste de formation, diplômée du Cerdi (Centre d'études et de recherches sur le développement international) et de l’Université Clermont Auvergne 

Intégrée à la plupart des scénarios des organismes en charge de l’énergie en France, la sobriété semble s’imposer à nous, aussi bien du côté de la production que du côté de la consommation. Mobilisée dans de nombreux domaines, de l’architecture au numérique en passant par l’industrie textile, la notion de sobriété peine cependant à rendre palpables les transformations envisageables pour nos milieux et nos formes de vie. Les auteurs proposent dans cette contribution deux manières complémentaires, qui sont deux manières possibles de la concevoir : en extension, via les aménagements et les renoncements qu’elle nécessiterait d’accomplir ; en intensité, via l’amplification d’activités adossées à des infrastructures plus légères au plan environnemental ou moins nombreuses. Dans ce nouveau cadre, la distinction ne passe plus entre modération et excès à l’échelle de l’individu, mais consiste à décrire le déplacement ou la substitution des attachements existants vers des milieux de vie et d’apprentissage durables, à travers la réalisation d’enquêtes et de protocoles démocratiques. Nous parlons de sobriété intensive pour décrire cet horizon de pensée pratique. Contre une logique d’autolimitation ou des réponses strictement technologiques, y compris éco-technologiques, au changement climatique, cet horizon laisse entrevoir des activités, des modes d’existence et de coexistence susceptibles d’articuler une empreinte environnementale plus faible avec des bénéfices existentiels et sociaux à redéfinir et valoriser.