Sobriété : passer de l’individuel au collectif

Emrys Westacott
Professeur de philosophie (Université d’Alfred, NY)

Le concept de sobriété est associé à des notions connexes telles que la tempérance, l’économie, la conservation et la simplicité. Depuis plus de deux mille ans, les philosophes et autres penseurs font l’éloge de la simplicité, arguant qu’elle est à la fois bénéfique sur le plan moral et qu’elle constitue la voie vers le bonheur. Autrefois, ces notions concernaient uniquement la sphère personnelle, mais aujourd’hui, elles évoluent vers les communautés et les institutions.
L’une des causes de ce changement est l’émergence d’une attitude critique envers le consumérisme et la recherche d’une croissance économique infinie. Autre élément d'explication : la croyance désormais largement répandue selon laquelle la crise environnementale exige l'adoption d'une forme de sobriété, non seulement par les individus mais aussi par les communautés, les organisations, les institutions, et par la société tout entière. Aujourd’hui sont adoptées des politiques et des pratiques « sobres » telles que la conservation des ressources, la réduction des déchets, le recyclage, la réutilisation et le soutien aux économies locales. Certes, une pratique dite « sobre » ne suffira pas, en elle-même, à réduire l’empreinte écologique d’une personne ou d’une communauté. Mais il est raisonnable de penser qu’à long terme, l'adoption d'une forme de sobriété à l’échelle de la société serait bénéfique pour l’environnement.