Philippe Bihouix
Directeur général du groupe AREP
Longtemps cantonnée à la sphère des associations écologistes ou de certains acteurs institutionnels, la sobriété commence à être reconnue comme un levier incontournable de la nécessaire transition environnementale. En Europe en particulier, à la suite des récentes inquiétudes sur l’approvisionnement en gaz naturel et de la forte augmentation des prix du gaz et de l’électricité, elle est désormais régulièrement mentionnée dans les politiques publiques, tandis qu’elle a fait son apparition (sous le vocable sufficiency) dans le dernier rapport du GIEC. Cette sobriété, il reste cependant à en définir plus précisément les contours : quand elle n’est pas encore simplement confondue avec l’efficacité, elle prend souvent la forme d’une sobriété « personnelle », d’une démarche (plus ou moins volontaire) proche de l’austérité, où il s’agirait essentiellement de moins chauffer chez soi, de se déplacer avec les transports en commun, en modes « doux » ou en covoiturant, et de consommer avec un peu plus de frugalité (alimentation, numérique, vêtements…). Se pose alors la question de son acceptabilité par les populations engoncées dans des schémas consuméristes. Pourtant, au lieu de reposer sur les seuls consommateurs ou presque, la sobriété pourrait être plus profonde, plus systémique, plus « organisée » et facilitée par la puissance publique à toutes les échelles, dans tous les domaines, des transports aux télécommunications en passant par la construction et l’aménagement du territoire.